Flash Bourg, Charlesbourg
Fin de semaine de l'Halloween 2015, je me rends à Québec pour festoyer avec mes amis comme je le fais chaque année à cette période. L'été, mes tournages pour la série de poutines de La Presse me font me délecter plusieurs fois en peu de temps, si bien que, malgré mon adoration pour notre plat national, quand l'automne arrive,
j'opte pour une petite pause de sauce brune, histoire de me refaire une santé intestinale. (Trop d'informations)
Mais quand je me sens en forme de nouveau, souvent vers la fin octobre, ma première poutine de l'automne se fait beaucoup attendre. Et là, je commençais gravement à avoir hâte à ma prochaine. Je sors donc ma «to do list» : elle me rappelle qu'il faut absolument que j'aille au casse-croûte Flash Bourg près de Québec. (À Charlesbourg plus précisément) C'est la première sur ma liste depuis un bon moment tout d'abord parce que le site Poutine War la déclare #1 au Québec. (Ce n'est pas rien!) Mais aussi parce qu'un des employés, Simon-Pierre, m'a déjà écrit pour m'inviter à y aller, stipulant sa certitude de mon appréciation de l'endroit. J'avais hâte. J'appelle mon ami Mathieu pour qu'il m'accompagne. Je savais que malgré sa poutine de 4h00 du matin le jour même, il n'en refuserait pas une deuxième. Mathieu c'est un vrai. Et je le connais bien car effectivement, il ne m'a pas fait faux bond. Il accepte l'offre, nous partons donc en road trip pour le fin fond de Charlesbourg samedi vers midi.
Dans la voiture, je prépare Mathieu au fait qu'il y ait une possibilité que les employés de l'endroit me reconnaissent à notre arrivée, notamment Simon-Pierre qui m'avait écrit dans le passé. Mais jamais je pensais que notre arrivée créerait un tel engouement. À peine sortie de la voiture, Simon-Pierre ouvre la fenêtre du casse-croûte et m'interpelle...Nous étions déjà démasqués.
Nous avons eu la chance de rencontrer les deux propriétaires, Philippe et sa mère Irène, deux acharnés, deux passionnés. D'entrée de jeu, Philippe me fait fièrement goûter à ses 4 types de sauces, toutes faites maison. Et toutes délicieuses. Étonnamment, c'est la sauce brune qui attirait le moins mon attention. Mais je savais qu'elle gagnerait énormément une fois sur ses amis frites et fromages. Je ne me suis pas trompée. Je commande donc ma régulière et m'assois près de la truie qui chauffe admirablement ce local ouvert seulement 8 mois par année. La poutine m'est livrée, rapidement, avec un sourire et toutes les belles attentions qui nous font oublier que nous sommes assis pour déguster une simple poutine. (J'ai pris la peine de regarder aux alentours, je n'ai pas eu droit à un traitement de faveur; tout le monde avait droit à ce service impeccable. Ça rend l'expérience d'autant plus agréable).
Visuellement, cette poutine est parfaite. Bon format, belles couleurs partout, frites bien dorées, sauce foncée, et une très grande quantité de fromage.
Je vole une frite de côté. Je fais le saut! Très, très croustillante! Cette frite m'a rappelé le croquant des frites de Burger King, mais en meilleure qualité. J'en prends 2-3 autres pour confirmer, mais elles présentent toutes la même réussite. Je dis bravo! Personnellement, je préfère les pommes de terre maison coupées plus grossièrement, plus larges, moins minces. Elles me rappellent plus les frites de mon enfance que les frites minces qui flirtent avec celles de fastfoods bien connus. Mais ce n'est qu'une question de perception et de goûts car en demeurant objective, je me dois de donner une note parfaite à ces frites. Il s'agit de la patate jaune jumbo, de type «chaleur». Elle est un peu plus sucrée que la jaune ordinaire, mais moins sucrée que la rouge. C'est ma préférée! Et son huile de prédilection pour la cuisson est un shortening de canola (graisse végétale).
Aussi, Philippe me dit fièrement (avec raison) qu'il dépense une petite fortune en shortening pour que les frites aient toujours le même goût. Le bidon de 600 litres de shortening qui se trouve au sous-sol en témoigne bien. Les friteuses sont vidées et lavées TOUS les jours, et un shortening tout neuf y est versé. Donc des frites qui goûtent la «vieille huile» au Flash Bourg, ça n'existe pas. Que tu y ailles un lundi ou un vendredi, tu goûteras toujours la même chose. C'est de la constance qu'on appelle. Et en restauration, c'est une maudite belle qualité.
Le fromage? Je n'ai pas plus de négatif à dire que pour les frites. Perfection. Tout d'abord, en quantité assez généreuse pour satisfaire même les appétits les plus criants comme le mien. Il y en a en dessous, au milieu et au-dessus du plat! Mes dernières bouchées n'étaient que du fromage à la fin de mon plat. Difficile de demander mieux. Sa fraîcheur était aussi exemplaire. Il s'agit de la fromagerie Kingsey à Plessisville. J'ai appris aujourd'hui que cette entreprise faisait deux sortes de fromage. Un régulier, et un qui comprend une étape de plus dans sa pasteurisation. Le résultat est qu'il coûte un peu plus cher pour le restaurateur, mais il vaut la dépense car il ne fond pas sous la chaleur, et les clients adorent. Moi, je n'ai rien contre un petit «gratin de fond de plat de tôle», mais j'avoue que j'ai pris goût à dévorer un fromage encore en bons gros grains à la fin de mon met.
Et la sauce? Malgré son goût qui m'avait laissée indifférente lors de ma dégustation «à même le cup» en arrivant, une fois mariée aux frites d'une touche de sucré et au fromage frais, elle prend tout son sens. C'est une sauce brune, sans demi-teinte. Pas sucrée, bien onctueuse, bien salée, bien assumée.
C'est une sauce que j'appelle «semi-maison». C'est à dire que c'est une compagnie qui la livre en poudre, et Flash Bourg la modifie sur place. Elle a donc la touche d'unicité que j'aime, personne d'autre n'a la même, mais elle n'a pas autant d'amour que les rares commerces que j'ai visités qui la fond de A à Z sur place en mijotant leur fond de boeuf ou de légumes pendant des heures.
Toutefois, moi, quand le résultat est là, c'est tout ce que je demande. Donc la poutine du Flash Bourg, elle a grandement valu le détour!
Je lui donne une note de 9 sur 10.